Consciente de l’importance du développement d’espaces récréatifs et culturels pour le bien-être de ses citoyens, la municipalité de Casselman a entrepris un grand projet à long terme de la création d’un nouveau sentier récréatif, d’un sanctuaire d’oiseaux et d’un parc urbain le long des berges de la rivière Nation Sud. L’intention est de donner accès aux ornithologues à observer, photographier et étudier de nombreux oiseaux indigènes de la rivière ou nouvellement arrivés dans la région. Casselman deviendra ainsi une destination de choix pour les observateurs d’oiseaux, professionnels ou amateurs, les amoureux de la nature et les familles au niveau local, national ou international. Ce projet de développement économique dans un espace naturel accessible et aménagé avec des installations de haut niveau permettra aux résidents de Casselman et aux touristes de profiter d’un site en bordure de la rivière Nation pour l’observation des oiseaux. D’ici 2027, l’intention est de créer un pôle d’attraction naturel pour le plus grand nombre d’espèces d’oiseaux.
La première étape du projet vise la création d’un parc linéaire sur une distance d’environ 500 mètres. Le sentier balisé, à vocation culturelle, est situé au bout du chemin Brisson. Un nouveau stationnement a été aménagé et le sentier sera accessible à tous. Le parc accueillera l’installation artistique "Le jardin de La Poésie. Des ères de repos seront aménagées à divers endroits le long du sentier.
Dans un souci de protection de l’environnement, le terrain qui longe le sentier sera transformé en jardin oú les plantes indigènes, des arbres choisis pour attirer les oiseaux et des buissons pour les papillons seront prévus grâce à la collaboration d’une firme locale d’architectes paysagers.
Le jardin de la Poésie a pour objectif de mettre en valeur les auteurs et autrices de l’est ontarien en affichant des textes de poésie dans le nouveau Parc du sentier pédestre. Ce geste, d’apporter l’art à l’extérieur veut rendre publique la culture, la fierté et l’identité franco-ontarienne. Les auteurs et autrices, choisies par un comité d’experts, sont représentatifs de notre région mais aussi de l’Ontario français dans son ensemble. Les textes donnent aux visiteurs une preuve de la vitalité et de la diversité du terroir littéraire franco-ontarien.
Dix panneaux géants seront érigés sur place et il sera possible d’y lire un extrait de poésie. Outillés d’un code QR, chaque panneau permettra l’accès à du contenu supplémentaire, en français et en anglais, dont une courte entrevue avec l’artiste.
Le jardin de la Poésie est issu d'une collaboration entre le Conseil des arts de Prescott-Russell, les comtés unis de Prescott-Russell et l’Agence de conservation de la Nation Sud.
Le projet est rendu possible grâce à une contribution du Programme d’appui à la francophonie ontarienne et à un généreux don de la Fondation des Caisses Desjardins.
Qui reçoit la semence est aussi la semeuse
Femme sans visage debout se procrée
Et nos histoires émanent
De son corps losange lit d’argile
De sa voix voyelle voyante
Tailleuse de préhistoires
Avant l’épopée après l’anecdote
Entre les lignes de la grande vie
Elle fut était est aura été sera-t-elle
Avant après l’hivernage de la femme
Nomade le récit bifurque
La fraîcheur du monde l’étreint
Femme des origines
Où créer le jardin
Andrée Lacelle, poème tiré du recueil demain l’enfance paru aux Éditions du Vermillon (2011) et réédité chez Prise de parole dans l’anthologie Sol Ciel Ciels Sols (2015)
dans le creux de mon être puisent des racines
qui tendent vers le monde et m’attachent à la Terre
à chaque pas son écho
à chaque trace son mystère
je suis un enfant du printemps à l’attente de l’hiver
qui regarde le ciel rouge au zénith de ma vie
quelque part au sommet de la falaise je crie
j’inscrirai mon nom dans les cavernes de l’oubli
les traces sont partout
mais parfois, il faut rêver pour les voir
l’éclat des instants oubliés
scintillent entre mes songes
restent dans mes parebrises imaginaires
comme une pluie qui attrape le soleil au passage
savoir que ceux que l’on aiment
sont ici avec nous
et le seront toujours
si longtemps fuis-je solitaire
si longtemps seul avec mon ombre
ici dans la forêt
avec la pluie qui gronde
après tout ce qui s’est passé
ce qu’on a vécu ensemble
mon courage tremble
mais le sourire tient bon
nous nous sommes rendus jusqu’ici
continuons
de marcher
la tête haute
vers l’horizon
de tous nos avenirs possibles
Daniel Groleau-Landry
Histoires de naissances
Histoires de renaissances
La Traversée
Histoires de survivances
Histoires de vie
Les voilà Debout!
Les voilà rejoignant les deux rives
De
L’Outaouais
Et
De
L’Ontario
Avec des feuilles
Dans les mains
Des poèmes
Et des cantates
Dans le coeur
Unir deux rives
Deux villes
Deux provinces
Deux ponts
Deux langues
Deux continents
Nous voilà toutes et tous
En Outaouais
Gatineau
Nous voilà toutes et tous
A Ottawa
En Ontario
La Traversée
C’est là notre chez-nous
C’est ici chez nous
Après tant de Traversées
Traversées
De mers houleuses
De vents insurmontables
Traversées
De continents
Traversées
De monts
Vallées
Collines
Et Déserts
Tant
Et
Tant
D’impossibles
Nous voilà
Enfin à
Ottawa
Gatineau
Nous
Les Sans-pays natal
Devenus
Ontarien
Ontarienne
Outaouaise
Outaouais
O
Comme le fils de Yennenga
Ouédraogo
Les Porteuses ont quitté Gambaga
La Terre du repos
Et planté leurs tentes
Là
Où Rêves
Poésies
Et Libertés
Se conjuguent
Au
Présent
Ottawa
Ottavienne
Ottavien
Gatineau
Gatinoise
Gatinois
Ontario
Ontarienne
Ontarien
Outaouaise
Outaouais
Acadien
Acadienne
Canadienne
C’est là notre chez-nous
C’est ici chez nous
Après tant de Traversées
Traversées
De mers houleuses
De vents insurmontables
Traversées
De continents
Traversées
De monts
Vallées
Collines
Et Déserts
Tant
Et
Tant
D’impossibles
Nous voilà
Enfin à
Ottawai
Gatineau
Nous
Les Sans-pays natal
Devenus
Ontarien
Ontarienne
Outaouaise
Outaouais
Canadienne
Ouagadougou
Abidjan
Sénégal
Kivu
Niger
Tanganyika
Les Porteuses
De toutes
Les Traversées
Vous saluent
Les Porteuses
De toutes
Les Traversées
Vous
Disent
A vous les Mères
Les Mères
De
Toutes les Traversées
Merci !
Thank you!
Aw barkaii!
Aw ni ciéiii !
Fofoiv!
Mov!
Meegwetchvi!
i Merci en anglais
ii Merci en Mooré, langue nationale du Burkina
iii Merci en Jula, langue nationale du Burkina Faso et langue de commerce dans plusieurs pays de l’Afrique
subsaharienne notamment en Côte d’Ivoire, au Mali, en Guinée et au nord Cameroun.
iv Merci en Fulfudé, langue nationale du Burkina Faso et aussi langue des peuples nomades dans toute
l’Afrique
v Merci en Baoulé et en Agnii, langues de Côte d’ivoire
vi Merci en innu, langue des premières nations du Canada
Angèle Bassolé, PH.D
Écrivaine et éditrice
Fini la torpeur
la terre aride
les mauvaises herbes
la grande noirceur
l’anxiété du vide
les matins de tourmente
et les cieux insipides
Fini les tuteurs
Les coups de pioches
les longues cisailles
qui entaillent et coupent
le coeur des roches
et l’herbe en bataille
Fini les heures stériles
sans nutriments
sans vitamines
sans semences
et la pluie qui endêve
le terreau de nos espérances fertiles
Aujourd’hui
j’ai le champ libre
pour cultiver les fleurs de vivre
Elena Martinez
À Green Valley, dans ce village qui est le nôtre, la voie ferrée coule en plein coeur du hameau, telle une
splendide rivière de métal. Les rails forment un terrain de jeu invitant pour enfants aguerris qui
s’improvisent funambules sur des poutres de fer près de vieux sous noirs que leurs pe tes mains
délicates et sales ont pris soin de déposer au soleil pour le prochain pilonnage express.
À Green Valley, les trains vont et viennent à proximité, dans les bois et les champs, et foncent à cent
milles à l’heure dans le ciel calibré pour scier des tranches de verdure. On les sent approcher, comme un
tremblement de terre, un crescendo de vagues inévitables, un abou ssement résonnant qui jamais ne
déçoit. Un train qui naît, c’est la Noël, un évènement joyeux ou funeste, une quasi-fin du monde ou un
soulagement dont l’a ente paralyse. On l’entend venir de loin, la stridence déchirant le paysage,
sillonnant la civilisa on clairsemée, la cisaillant, comme un prophète scinde une mer en deux.
À Green Valley, lorsque le long et lancinant ennui s’é re dans les esprits et que le mouvement des gros
chars se veut l’unique incident du jour, les soucis des villageois montent à bord. Car à défaut d’arriver à
soi, on se définit simplement par les inflexions des convois qui emmènent tout avec eux.
À Green Valley, l’abandon c’est un train qui finit de passer le soir et qui s’éloigne au centre d’un horizon
rose contenu entre deux parallèles.
À Green Valley, la chanson des vrombissements des trains cons tue une logique absolue. Jamais on ne
se lasse de la rumeur de leurs wagons qui tanguent en pleine nuit, de ces cortèges assourdissants et
doux pour les coeurs lourds qui, dans leur lit, ba ent, en suivant la cadence de fer. Un train qui
bourdonne dans la pénombre, c’est une longue berceuse de ferraille, le paysage qui ronronne, le
firmament rassurant qui, à chaque traversée, dévoile un peu plus ses secrets.
À Green Valley, un train qui roule au pe t ma n, c’est un baume bruyant, du vent chaud, un pur
étonnement, un assoupissement pâle de poussière, une procession d’anges et de chimères rouillés. Tout
et rien à la fois. Le blanc et le noir. Le rouge aussi. C’est un orage d’acier, une apocalypse temporaire, un
cataclysme tranquille ne frappant rien, sinon l’air au bout des doigts, les étoiles dissimulées dans le bleu
du ciel et les âmes chancelantes du village.
C’est un avènement, une réponse.
C’est surtout une promesse.
Et c’est à nous de la tenir.
David Ménard
Bienvenue chez toi, vagabond à la boussole, collecIonneur de cailloux allume-yeux,
prospecteur d'ordinaire
dans l'ombre resplendissante de l'humilité paratonnerre,
des rires de voix lacIque, des sourires de coupe de rosée et des regards de café
d'aurore.
Bienvenue chez toi, là où la porte est toujours ouverte, où la différence est la seule
unicité,
où on est accueilli à bras ouverts et à mains en sous-verre,
où rien n'est couvert,
où le seuil ne sert qu'à soutenir le ciel.
Bienvenue chez toi, noyau de la pierre.
Bienvenue chez toi, enfant de l'histoire inoxydable, équilibriste des généraIons,
ferIlité des cendres,
moulin tout en muscles,
là où règnent la souple résistance, la modeste irréducIbilité et la résilience dynamique.
Laboure le soleil,
sème la complémentarité,
là où l'on a appris que l'autre a aussi un ADN culturel qui lui est propre,
là où l'on parle deux langues : la force et l'endurance.
Bienvenue chez toi, pépin de paume.
Bienvenue chez toi, automobiliste, capitaine, commandant ferroviaire, motoneigiste,
cycliste et randonneur.
Les rêves sont carrossables, les ambiIons sont navigables, les parcours sont aiguillés.
Bienvenue à la confluence des rivières, au carrefour des routes, à la convergence des
chemins de fer et au noeud des pistes.
On te salue partout sur ton passage en jalons humains.
Les LaurenIdes veillent sur toi, et les États-Unis t'envient.
Montréal s'ébroue, et Ottawa se détend.
Où que tu fasses halte, il fait bon respirer le vaste sans filtre.
Quelle que soit ta desInaIon, tu y es toujours déjà.
Bienvenue chez toi, promeneur des lendemains.
Bienvenue chez toi, arpenteur de l'incommensurable,
cerbère du terroir, mineur du vert doré, courroie de la transformaIon,
mécanicien du coeur au centre.
Ton rire retenIt, tes iris péIllent, tes bras baVent la mesure de
l'immensité,
tes pas sont le pouls de la terre.
L'ingrédient secret dans la composiIon du terreau est une gouVe de ta sueur.
Bienvenue chez toi, industrieux travailleur du minéral, du végétal, de l'animal et de
l'humain.
Bienvenue chez toi, familier avec l'ailleurs, étranger à l'immobilité,
creveur d'eau, sculpteur de vagues.
Tu barates les rivières et malaxes les ruisseaux,
tu pêches avec un point d'interrogaIon
et tu marches avec la houleVe d'un point d'exclamaIon.
Pour toi, la source n'a plus de mystère outre le fait qu'elle est inconnue.
Le courant est une crinière et
l'écume est seule épave.
Bienvenue chez toi, charron du blanc vert.
Bienvenue chez toi, ingénieur, technicien, constructeur de pont entre deux soleil-tudes,
de tunnel dans le ciel, de passerelle entre les mines de trèfles et les gisements de blé.
Tu enjambes les cours d'eau, les routes et les fronIères de l'infini.
Tu transcendes les cultures.
Tu laisses perméables les coutures.
Tu es en suspens entre l'air libre et l'erre d'aller,
entre deux langues, entre l'horizon et l'insécable.
Bienvenue chez toi, géomètre de tous les angles, modulateur du silence,
sismographe de la parole transversale, antenne pour tous les accents.
Éric Charlebois
Je souffre pour toi, ma langue
Jusqu’au fond de mon âme
Je pense à tes batailles
Aux affronts faits
Pour t’abaisser et t’humilier
Résiste
Belle langue
Sous le poids des décisions assassines
Et les avilissements de ton peuple
Par des ignares
Qui ne connaissent point
Ton histoire ni ta contribution
Qui voudraient d’un revers de main
Oblitérer 400 ans
De présence francophone
Sur cette terre ontarienne
Résiste
Belle langue
Tu as traversé les océans
Et bravé des rivières
Pour le droit d’exister
Sur ce continent
Côtoyant au passage
Peuples autochtones et anglais
Comme les autres
Tu as mérité ta place
Continue de crier haut et fort ta présence
Résiste
Même quand on te dit
Speak white
Résiste encore davantage
Parle plus fort
Par la voix de ton peuple
Qu’on veut opprimer
Et assimiler
Sois fière de tes accents divers
panneau 3
Aussi colorés
Que tes aurores
De tes enfants
Nouvellement arrivés
Qui s’ajoutent à ta destinée
Résiste
Comme tu l’as déjà faite
Dans tes précédentes luttes
Pour assurer ta pérennité
Et transmettre ton héritage culturel
Tu as su et sauras passer fièrement
À travers les siècles
Pour tes enfants à venir
Des vastes étendues du Nord
Au littoral de tes lacs du Sud
Tu restes et demeures
Notre fierté
Gabriel Osson, «Résiste», tiré de Poèmes de la résistance, Prise de parole, 2019
au temps
des abeilles
elle goûtait
au bonheur
à grandes
cuillérées.
une balade
dans un champ
de petites fraises
pour y
ensevelir
le mal.
un chemin
débouche
sur une forêt
d’épinettes.
elle trace
son propre
diagnostic
sur la peau
de l’écorce.
la résine
déborde.
elle écrit
son épilogue.
elle perd
cet arrière-goût
pâteux
dans la bouche.
son histoire
se laisse
enfin
cueillir.
© Véronique Sylvain
Combien faut-il de déluges
pour noyer l’angoisse de sa naissance?
Combien faut-il d’années
pour guérir de son enfance?
Combien de pas faut-il compter
pour s’échapper du labyrinthe quotidien?
Combien d’heures faut-il patienter
pour voir surgir un lendemain ?
Combien d’amours faut-il étreindre
pour s’affranchir d’une servitude?
Combien de voyages faut-il entreprendre
pour apprivoiser ses racines ?
À combien de souffrances doit-on survivre
pour s’approprier un parcours ?
Combien de détours faut-il dessiner
pour se connaître?
Combien de miroirs doit-on interroger
pour enfin naître à soi-même?
Michèle Matteau
Les murs de nos villages se souviennent
Les murs de nos villages se rappellent
et ils nous chuchotent parfois à l'oreille des drôles d'histoires.
Les murs de nos Main Street
se souviennent
de nos fanfares, et de nos parades de la St-Jean
de nos marchés à ciel ouvert et de nos magasins générals avec le poêle à bois pour les Vieux
Les murs de nos églises
se souviennent
de nos baptêmes, de nos noces, de nos enterrements et de nos Noël
de nos confessions, de nos Pâques
de nos peurs de l'enfer, de nos chapelets,
Les murs de nos écoles
se souviennent
des rangs deux par deux de tous nos visages d'enfants, des a-b-c- à transcrire entre les lignes
sans barbouiller et des vendredi à dessins,
et aussi de la leçon d'histoire qui commence: 'Sur les Plaines d'Abraham ..'.
Les murs de nos usines
qui ne sont jamais les nôtres se souviennent
de notre sueur pour la p'tite paye
et de tous nos doigts perdus dans les machines.
Les murs de nos villages se souviennent
de nos parties de hockey, les samedi après-midi de nos pique-niques de famille au bord de l'eau
de nos amours sous clair de lune
de nos haines cachées derrière nos coeurs.
Les murs de nos villages
se souviennent aussi
de nos rires, de nos larmes, de nos peines, de nos joies, de nos cris, de nos silences,
de la force de nos bras,
de notre coeur au ventre,
de notre parole en sacres et en poésie
et de nos racines clans ce pays aussi creuses que celles d’un vieux chêne.
Sur les murs de nos villages clans notre langue couleur terre
couleur misère
Nous avons inscrit nos vies et nos hivers de père en fils, de mère en fille.
Sur tous les murs de nos villages clans notre langue couleur terre
couleur misère
Nous avons égratigné a même les ongles de nos mains sales de travailleurs, les lettres et les visages de notre Histoire,
Les murs de nos villages se souviennent Les murs de nos villages se rappellent
et si parfois ils nous bercent en nous chuchotant à l’oreille leurs doux souvenirs ...
Aujourd'hui,
plus souvent qu'hier,
Les murs de nos villages
hurlent
comme des chiens blessés.
Jean Marc Dalpé